Théologie pour les curieux - 18 mars 2017

Sans conteste l'ouvrage de référence en langue française de cette année de commémoration de la Réformation en 1517 que cette biographie de Martin Luther par le Matthieu Arnold.

Le lecteur "suit" littéralement Luther de sa naissance à son lit de mort mais au-delà des aspect convenus et bien connus voire des images d'Épinal d'un Luther foncièrement rebelle et emporté par la fougue de l'évangile, on retrouve un immense théologien dont l'esprit de synthèse et la compréhension des enjeux de son temps en font l'égal des plus grands maîtres de la théologique scolastique qu'il maîtrisait si bien pour d'autant mieux pouvoir la réfuter.

Plus même qu'un théologien, c'est avant tout un formidable artisan du verbe, rhéteur, polémiste, écrivain, consolateur, c'est dans son oeuvre écrite qu'il se découvre le mieux à nous et l'on se prend à rêver avec l'auteur d'entendre une prédication dite par Luther.

Une recension plus exhaustive sera bientôt publiée ici et Matthieu Arnold sera à Mulhouse au temple Saint-Étienne le jeudi 15 juin à 18h30 pour présenter son ouvrage et inaugurer nos expositions consacrées à Luther durant l'été prochain.

Fayard, Paris, mars 2017, 689 p. 25€


 La Bible a été (est toujours ?) une source inépuisable d'inspiration pour tout l'art pictural en occident chrétien et même durant longtemps le seul cadre pouvant être représenté.

La peinture est l'art qui permet sans doute de mieux faire voir ce qui est invisible ou en tout cas ce qui dépasse l'apparence. C'est bien pourquoi le thème de la résurrection est central dans l'histoire de l'art. Et c'est tout l'intérêt de l'ouvrage de Jérôme Cottin que de nous donner à voir des œuvres que l'on n'aurait pas forcément attendu sur ce sujet.

À côte de l'évidence de la résurrection du retable d'Issenheim, le Christ sur la croix de Cranach et plus encore le Semeur de Van Gogh sont plus surprenants et l'interprétation qui en est ici donnée s'avère convaincante tant l'art se révèle une "manière de voir ce qui est absent" comme cette résurrection dans le regard des deux disciples courant vers le sépulcre d'Eugène Burnand.


Labor et Fides, Genève, février 2017, 200 p., 22 €

La réédition en poche d'un classique de la théologie catholique moderniste.


Théologien d'exception, expert lors de Vatican II, il s'est vu retiré dès 1979 son autorisation d'enseigner en raison de ses positions critiques sur le dogme de l'infaillibilité pontificale. Ce qui ne l'a pas empêché de continuer son analyse critique de la théologie catholique romaine en l'interpellant du point de vue de la critique de la société contemporaine. Un christianisme qui ne répondrait pas selon lui aux enjeux de la société d'aujourd'hui et surtout ne se concrétise pas dans une éthique exigeant tout en étant en dialogue avec les autres traditions religieuses n'aurait pas de raison d'être.


Bien que publié en 1981, voilà un ouvrage qui n'a rien perdu de son actualité d'autant plus que bien des sujets sont en résonance avec la volonté du pape actuel de réformer l'Église. Pape que Hans Küng continue de soumettre au feu roulant de sa critique.


Seuil, Points Sagesse, Paris, 2017, 1ère édition 1981, 1240 p., 14,50€

 Voilà un autre sage, Edgar Morin qui s'intéresse ici à la part d'inconnaissable qui constitue une part non négligeable de notre réalité et de notre expérience.

Partant d'une question simple: pourquoi, alors que tous les hommes sont doués de raison et aspirent à l'épanouissement au sein d'une communauté solidaire, l'histoire de l'humanité est-elle ainsi faite de démence, de déraison et de tragédies?

Il interroge les notions de pureté, de perfection, de rationalité et sonde les mystères de l'homme qui est sans doute bien plus grand qu'il ne se pense lui-même. Quelle part restera-t-il de l'homme lorsque les algorithmes auront pris le pouvoir et décideront de tout à notre place dans une société parfaitement réglée mais inhumaine par essence ? La déraison sera-t-elle alors la marque de l'humanité ?

Un court texte stimulant

Fayard, Paris, février 2017, 192 p., 17€

Il fut une époque pas si lointaine où les catéchismes étaient faits de questions - réponses. C'est la même méthode que reprend ici Daniel Sibony pour exposer une thèse pour le moins originale: que le Coran ne serait jamais que la traduction en arabe de la Bible, tant le dispositif général du Coran est calqué sur la Bible.

Avec une différence de taille cependant, alors que la Bible a une prétention d'universalisme mais restreinte au peuple élu, le Coran a une ambition d'universalisme qui passe par la conversion de tous les peuples, reprenant ainsi la visée hégémonique qui était celle du christianisme à une certain époque de son histoire.

Au sein des trois monothéismes, l'Islam est le seul qui contienne un appel à la violence contre les autres jusqu'à leur conversion. C'est aussi le seul qui considère l'immuabilité de Dieu et donc de ses commandements, ainsi le statut de la femme, pour ne prendre qu'un seul exemple ne peut changer.

Un ouvrage à travailler pour tous ceux qui sont engagés dans le dialogue intereligieux pour essayer de comprendre dans quelle voie ils s'engagent.

Odile Jacob, mars 2017, 160 p., 19,90€

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