Théologie pour les curieux 4 février 2017

Au cœur de la théologie juive se trouve la notion de création de l'humain à l'image de Dieu. À telle enseigne que l'humain en devient un miroir de la réalité divine et le corps humain, l'espace en jeu dans l'exercice de la Loi. Qu'il s'agisse des règles de pureté, de l'éthique sexuelle ou de toute les formes de rapports que nous entretenons avec notre corps, c'est un concrétisation de la manière dont nous envisageons notre rapport avec la transcendance.

Dans cet ouvrage remarquable, parcourant les traditions du judaïsme ancien et moderne, Jean Baumgarten montre comment le véritable soin du corps est une image du soin que nous avons pour la création et pour notre relation avec le créateur, et que notre relation avec notre corps est donc foncièrement d'ordre spirituel.

Albin Michel, janvier 2017, 320 pp., 24€


"La foi, l'espérance et l'amour", les trois vertus fondamentales de l'évangile sont l'objet de ce livre stimulant du jeune professeur de l'université de Genève, spécialiste par ailleurs des théologiens dialectiques (Barth; Bultmann).

Il n'est pas anodin qu'elles aient été formalisées, non par Jésus lui-même mais par Paul dans son épître aux Corinthiens, car elles constituent le résumé fécond du message de l'évangile, son fondement et son horizon, les critères de son action et l'inspiration de son témoignage dans le monde contemporain.

Car c'est en prise avec ce monde, et nul autre que celui-ci, que doivent s'articuler la pratique et la prédication chrétienne pour relever les défis qui se posent aujourd'hui aux Églises et à nos sociétés. À un monde qui recherche l'amour mais se prive de foi et n'a plus d'espérance, les vertus théologales, rappellent qu'elles forment un tout.
Labor et Fides, Genève, 2016, 256 pp., 24€

Les religions sont un fait social, indépendamment de la croyance qui les sous-tend, elles existent et ont un impact non seulement sur le groupe social qui s'en réclame mais aussi sur l'ensemble de la société.

Et si à travers les siècles mais aussi aujourd'hui, religion rime avec obscurantisme, conservatisme politique, moral ou social, voire avec violence et fanatisme, François Euvé pose l'alternative réelle: toujours menacées de supporter la barbarie humaine dont toute religion est empreinte, les religions sont aussi un vecteur de transformation de l'humain vers ce qui lui est étranger, c'est à dire la fraternité.

Car la fraternité n'est pas naturelle à l'homme, plus habitué à craindre l'autre et donc à chercher à l'éliminer, elle est l'exigence posée justement par les religions ou les philosophies. Contre les groupes s'excluant les uns les autres, les religions ont la responsabilité d'entretenir l'idée d'une commune humanité, de donner un horizon spirituel à la fraternité.

Éditions de l'Atelier, Ivry-sur-Seine, 2016, 160 pp., 15€

 Ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire Réforme, Rémy Hebding a cette plume alerte qui permet de présenter les grands enjeux de la spiritualité de Martin Luther d'une manière à la fois très sérieuse et en prise directe avec les problématiques contemporaines.

Il montre ainsi comment, dans un monde moderne, obnubilé par ses propres mirages, où les superstitions, les fanatismes et les fondamentalismes qui confondent foi individuelle et identité collective, la pensée et l’œuvre de Luther sont d'une confondante actualité et utilité. Replaçant Luther dans son contexte, l'auteur montre comment, au-delà des formulations théologiques, la démarche du Réformateur est d'abord et avant tout une quête spirituelle vers la liberté de la foi.

Salvator, Paris,  192 pp., 18€

La question du "Jésus de l'histoire" est d'une permanente actualité depuis les travaux d'Ernest Renan et d'Albert Schweitzer aux 19e et 20e siècles. Elle continue à travers une très nombreuse littérature romanesque ou théologique.

L'ouvrage de Daniel Marguerat dans ce contexte est important pour faire le point de la question telle qu'elle se pose avec les derniers développements de l'étude des textes, notamment une relecture de l'évangile de Matthieu qui présente sans doute le Jésus le plus humain qui soit possible.

Ancien professeur de Nouveau Testament à l'Université de Lausanne, l'auteur nous offre un ouvrage d'une grande rigueur scientifique qui introduit avec beaucoup de pédagogie dans la critique des sources mais aussi des méditations sur de grands passages de l'évangile, accessible à la fois aux spécialistes mais aussi aux simples curieux du message de l'évangile.
Labor et Fides, Bayard, Genève, Paris, 2016, 318 pp., 21.90€

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