Renoir ou la filiation de la lumière

S'il ne devait y avoir qu'une raison de voir Renoir, le film de Gilles Bourdos, ce pourrait être pour Michel Bouquet dont l'interprétation est ici sublime dans le personnage d'Auguste Renoir. Mais le sujet en est bien plus profond sous des apparences d'un film léger qui nous conterait la vie de Renoir, de ses modèles et de son fils Jean. Un Auguste Renoir dont on ne voit pas la fin, à tous les sens du terme (le film souffre d'une fin étrange pour le spectateur) sans doute parce qu'il est ici question de filiation plus encore que de transmission.

Une filiation entre un peintre des corps, le père et un cinéaste qui s'ignore encore, le fils et dont Andrée, la jeune fille qui les réunit ici sera le fil conducteur, tour à tout modèle du père et inspiratrice du fils. Si le film manque de ressort dramatique, voire souffre de l'absence d'une véritable histoire, il n'en pas moins prégnant par l'omniprésence des corps. D'abord par la souffrance, celle du vieillard aux doigts noués, celle de Jean, blessé par la guerre. Puis par la sensualité, celle d'Andrée qui illumine la vie des hommes qui l'entourent, celle plus innocente de Claude, le plus jeune des fils qui souffle des couleurs sur le corps d'Andrée, faisant d'elle à la fois un jeu, un sujet et un objet.

La couleur est lumière et rien n'est plus difficile que de transmettre un art. Le film imagine cet instant où par la grâce d'un corps, la lumière passe d'un artiste à l'autre qui, paradoxe, livrera ses chefs-d'oeuvre en noir et blanc qui pour n'être pas couleur n'en sont pas moins lumineux.

Une chronique du groupe Pro-Fil de Mulhouse: plus d'infos sur Pro-Fil

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